13/01/07
Médicaments
Cyclamed au rebut
Les médicaments non utilisés ramenés en pharmacie par les patients n'iront plus vers les pays pauvres via le programme Cyclamed. Mais la collecte par les officines se poursuivra : les produits seront détruits.
Cyclamed a-t-il vécu ? L'Assemblée nationale a en tout cas porté un coup sévère à ce programme de recyclage des médicaments à des fins humanitaires. Sur une proposition du gouvernement, les députés ont voté l'interdiction d'envoyer vers les pays pauvres les produits non utilisés en France et collectés par les pharmacies. Les associations caritatives qui avaient recours à Cyclamed ont un délai de 18 mois pour trouver d'autres sources d'approvisionnement. Il est probable qu'elles bénéficieront de dons de l'industrie pharmaceutique ou de financements publics.
En adoptant cette mesure, les élus ont tiré les conséquences d'une enquête éloquente réalisée en janvier 2005 par l'Inspection générale des affaires sociales. L'IGAS avait déploré l'amateurisme dont faisaient preuve les acteurs de Cyclamed, qui ruinait tout simplement la finalité humanitaire du programme. Mal conservés, ne correspondant pas aux besoins des destinataires, déstabilisant les politiques sanitaires locales voire alimentant le marché noir, les médicaments acheminés par Cyclamed provoquaient plus de dysfonctionnements qu'ils n'apportaient de bénéfices. Il fallait mettre fin à cette aberration.
Scandale
Cyclamed était également mis en cause pour l'inefficacité du recyclage. L'IGAS confirmait alors le travail de l'UFC-Que Choisir qui, depuis 2003, dénonçait un scandale : Cyclamed ne récupérait que 11 % des emballages et 5,7 % des médicaments vendus, et refusait les produits les plus polluants, comme les thermomètres au mercure. Au final, le système se révélait n'être qu'une vitrine évitant à l'industrie pharmaceutique de cotiser aux circuits classiques de recyclage. Le gouvernement a remédié au printemps à cette anomalie qui confinait à la supercherie : les laboratoires sont désormais contraints de contribuer au dispositif Point Vert.
Malgré l'action du gouvernement et le vote de l'Assemblée nationale, le dispositif Cyclamed n'est pas totalement supprimé. La collecte en pharmacie perdure, malgré les risques avérés de revente de la part de pharmaciens véreux. Les patients vont pouvoir continuer à ramener leurs médicaments non utilisés. Mais, désormais, ils seront totalement détruits.
Anne-Sophie Stamane